Une glace sous scellés, enrobée d’un délicieux chocolat et entourant un coeur fruité (à la fraise ?). Non ce n’est pas mon dessert d’hier soir mais le jeu dont je vais vous parler.

La petite poignée de développeurs de chez Matt Makes Games nous invite à découvrir le dur chemin jusqu’au sommet du mont Celeste, une montagne mystérieuse et pleine de magie…

Si le titre propose un univers enchanteur aux couleurs chatoyantes mariant le chaud et le froid à merveille, le gameplay, nerf de la guerre, impeccablement géré, vous fera cracher vos tripes jusqu’à ce qu’elles prennent la forme d’un morceau de bidoche.
En effet, Celeste ne saurait éviter toute comparaison avec le super garçon viande qu’elle imite admirablement bien sans pour autant le plagier impunément.

Nous retrouvons donc un plateformer 2D dans lequel la première loi est “meurs et apprends !”. Si le concept est connu c’est sa construction qui fait de lui un échec ou une réussite ; et pour cela c’est le game design qui se doit de tenir la route mais nous en parlerons plus loin. Le style graphique est un pixelart minimaliste foisonnant de vie, de mouvements et de couleurs. Typiquement le genre dont je suis amoureux.

Madeline, le personnage que l’on contrôle est capable de sauter (pas bien haut), de s’accrocher aux murs, de grimper ces derniers sur une courte distance et finalement d’effectuer un unique dash dans la direction de votre choix, capacité restaurée une fois les pieds au sol. C’est cette dernière capacité qui donnera tout le sel du titre. Mis à part une unique amélioration au cours du jeu (dont les habitués auront deviné la nature) les mouvements de Madeline se limitent à ceux cités plus haut. Ce qui diversifiera le gameplay seront de petites mécaniques propres à chaque niveau. Des murs ne pouvant être traversé qu’avec un dash, des blocs mobiles sur lesquels s’accrocher et se projeter, des cristaux rétablissant votre dash, etc. Les idées ne manquent pas. C’est toutefois l’originalité des différents tableaux qui m’auront marqué. Le jeu s'endurcit mais ne se répète pas.

En sommes vous avez toutes vos armes dès le départ. Ce qui vous fera passer les derniers niveaux bien plus corsés que les premiers c’est votre skill. J’en reviens donc au level design, aussi pentu que la montagne que l’on grimpe, toujours grandissant, jamais punitif. Si vous merdez, c’est de votre faute alors réessayez jusqu’à y parvenir. Le triomphe d’y arriver est plus grand que la frustration des nombreuses morts pour enfin réussir. Pour appuyer cela je dirai qu’au lieu de balancer un “Putain!” après vous être fait tué, vous penserez plutôt “Ah non là je dois faire plutôt comme ça” et c’est là toute l’intelligence du titre. C’est aussi ce qui va le dissocier de Super Meat Boy. Si ce dernier est rapide, nerveux, capable de gérer sa vitesse et forcé de passer souvent au poil de cul ; Celeste propose une Madeline plus simple à prendre en main car incapable d’accélérer ou décélérer si ce n’est en pressant la direction opposée.
En résulte un jeu plus simple que son confrère. Pour pallier à cela, les développeurs ont construit des niveaux énigmes sur lesquels il faudra comprendre les mécaniques. Rien de bien sorcier mais cela demandera souvent plusieurs morts pour comprendre comment prendre le chemin.
Je vous souhaite à vous aussi d’être impressionné par la multitude d’idées de level design que vous allez traverser.

Celeste propose aussi de nombreux objets à récupérer, sous trois formes différentes.
Les premiers sont des fraises disséminées dans les différents niveaux. Certaines peuvent être très difficiles d’accès c’est pourquoi leur obtention est totalement facultative, cela ne sert à rien si ce n’est à s’amuser sur des passages plus compliqués et clamer haut et fort que l’on a réussi à toutes avoir.

Les seconds objets sont des coeurs, bien plus rares et au nombre de un par niveau (j’ai omis de préciser que le jeu est constitué de 8 niveaux séquencés en plusieurs chapitres de plusieurs tableaux). Ces coeurs seront en général bien cachés, ils demanderont généralement plus de réflexion que d’action pour être trouvé. Un challenge un peu différent qui ravira les fans d’énigmes et de références (celle avec le bloc blanc m’a bien fait rire en plus de satisfaire mon ego).
Le dernier objet, lui aussi unique par niveau est plus ou moins caché et vous permettra de débloquer la face cachée de chaque niveau. Car oui, au même titre que le dark world de SMB, Celeste propose aussi son mode hardcore, redoublant d’inventivité et de demande de skill. Bien sur attendez d’avoir terminé le jeu ou d’être suffisamment avancé avant de vous y essayer pour ne pas faire face à un trop gros pic de difficulté.

Sinon qu’en est-il de l’histoire ? Est-ce qu’il y en a même une ? Et bien oui et assez surprenante qui plus est. Exit le gros délire à la Meat Boy et bienvenue à l’introspection et à la réflexion. Si Madeline doit gravir cette montagne ce ne sera pas qu’un effort physique mais aussi un effort sur sa personnalité. Le chemin l’aidera à s’accepter comme elle est et à respecter son entourage comme elle-même. Le jeu brasse donc une jolie thématique sans apporter de réponse claire à son dénouement, flirtant plutôt avec l’interprétation.
De surcroît, ceux qui ne voudront pas s'embarrasser avec cela pourront passer rapidement tous les dialogues. Si votre but est juste de profiter du gameplay le titre ne vous y freinera pas.

Je finirai donc par énoncer la musique qui m’accompagne en ce moment même. Un style electro d’une douceur folle se permettant parfois des excès de rythme si entraînant que cela m’a parfois pris aux tripes. Quelques notes de piano sauront bercer les moments les plus doux tandis que le synthé accompagnera les passages les plus épiques.